L’IA en 2024, vue par Dilitrust.

Nous avons pu échanger avec Cyril Godet, Directeur de l’expertise juridique et des partenariats chez Dilitrust, éditeur international d’une suite de suivi des activités juridiques et de gouvernance d’entreprise... activités dans lesquelles l’intelligence artificielle se glisse à différents niveaux, comme nous allons le voir.
Qu’attendre de 2024 en matière d’IA ?
Le point de vue d’un Top Sponsor des RDV des Transformations du droit, donc acteur structurant de l’écosystème Legaltech.

Dilitrust est une Legaltech française, fondée il y a une vingtaine d’années, parmi les leaders européens, qui vise à digitaliser les directions juridiques en leur proposant différents modules : une suite complète pour digitaliser les instances, la gestion des filiales et des participations, la gestion des contrats, le suivi des litiges, la gestion documentaire...
Dilitrust est présente dans 17 pays et ses clients sont dans plus de 60 pays, principalement en France, Italie, Espagne, Allemagne, Emirats Arabes Unis, Maroc, Canada, Mexique...

Cyril Godet

"Je suis Cyril Godet, Directeur de l’expertise juridique et des partenariats chez Dilitrust. J’ai à la base une formation et une expérience en tant qu’avocat en droit des affaires. J’ai ensuite été pendant une grosse dizaine d’années juriste et responsable juridique dans des entreprises du CAC 40.
J’ai rejoint le groupe Dilitrust en 2012, qui à l’époque s’appelait Equity. Nous n’étions alors que 18 salariés avec un chiffre d’affaires de 2 millions (...nous sommes plus de 250 maintenant dans un groupe mondial). J’ai successivement été responsable du produit, responsable du support, patron de l’avant-vente et j’ai depuis deux ans la chance d’animer une direction qui s’appelle "Expertise juridique et partenariats".
Expertise juridique, car l’ensemble de mon équipe est constituée comme moi de juristes et avocats qui sont dans différents pays pour être au plus près de nos clients et comprendre les besoins dans chacun des pays.
Et partenariat, pour être partenaire de notre écosystème, des organisations comme l’AFJE, le Cercle Montesquieu, l’ECLA, l’ELTA, l’ACC et pour compléter notre offre à travers des partenaires éditeurs en mettant en place ce qu’on appelle des ALSP (Alternative Legal Services Providers), un service juridique alternatif pour externaliser le droit, pour les directions juridiques qui ont besoin d’être accompagnées.

Est-ce que, selon vous, l’IA pourrait "renverser la table" des technologies à disposition des juristes ?

Cyril Godet : "Il est vrai que l’intelligence artificielle a pris beaucoup de place ces derniers temps, parfois un peu vite. Chez Dilitrust, nous avons décidé il y a deux ans de nous doter de notre IA propriétaire pour sécuriser les données de nos clients. Ça nous permet d’apporter un plus à nos clients en directions juridiques en alimentant l’ensemble des modules petit à petit. Donc, les conseils d’administration, le droit des sociétés, les contrats, les contentieux.

Mais il faut être très clair, l’émergence de ces nouvelles technologies et les nouveaux défis juridiques touchent la protection des données, la confidentialité de celles-ci, la responsabilité aussi en cas de défaillance des systèmes automatisés. Et donc les directions juridiques doivent être prêtes à relever ces défis, ce ne sera pas sans adaptation."

Est-ce que l’IA pourrait participer à améliorer la Gouvernance ?

Cyril Godet : "Il y a un potentiel, mais on n’en est pas encore là.
Vous êtes administrateur, vous préparez une réunion et vous avez un rapport de 500 pages qui arrive, vous chargez dans l’outil, l’IA vous fait un résumé de 30 lignes.
Ça va vous permettre quoi ? Déjà, comprendre de quoi ça parle, et puis de voir s’il est intéressant pour vous. Parce que parfois, vous allez peut-être être l’administrateur orienté sur la finance ou sur l’ESG, ça ne va peut-être pas vous concerner vraiment. Donc l’IA va vous aider, elle va vous permettre de gagner un petit peu de temps.
Dans cet exemple, l’IA pourrait être utile si, en analysant l’ensemble des derniers procès-verbaux des conseils d’administration par exemple, elle notait les questions qui restent à chaque fois sans réponse, et à un moment donné, on prendrait peut-être conscience qu’il faudrait recruter des administrateurs spécialisés dans tel ou tel domaine, parce qu’on n’a pas la compétence. Là c’est concret.

Si en revanche vous vous dites, "c’est l’IA qui va choisir à ma place", non. L’IA est le prolongement du juriste pour l’accompagner. Pour moi, l’IA, c’est la meilleure assistance juridique possible, pour le moment."

Vous parlez, notamment sur votre site ou dans vos communiqués, de gouvernance pour les directions juridiques. Comment est-ce que vous associez, comment on associe, les notions de gouvernance et de bonne organisation, ou en tout cas d’organisation des directions juridiques ?

Cyril Godet : "La gouvernance, finalement, c’est établir le cadre de direction et de prise de décision au sein d’une organisation. C’est définir les rôles, les responsabilités, des différentes parties prenantes, donc les dirigeants, les administrateurs, les actionnaires, dans le cas des entreprises, ou alors les membres d’organisations, si vous avez des organisations non gouvernementales ou des associations.
Notre outil, notre solution, permet à une direction juridique d’accompagner la direction générale, en étant vraiment à ses côtés, en digitalisant l’ensemble des process de reporting, de prise de décision, de leur simplifier la vie avec le digital, tout en garantissant un niveau optimum de sécurité, ce qui est fondamental.

La gouvernance, finalement, c’est un peu le modus operandi au sein d’une organisation, et nous on l’apporte de manière digitale et sécurisée.

Évidemment, le sujet est aussi l’IA pour la gouvernance, tout le monde l’a en tête. Évidemment, pas que chez les juristes, mais chez les juristes, on est dans un secteur où, forcément, il y a beaucoup de données, beaucoup de textes. Donc, on peut imaginer que l’IA a une place peut-être plus facile à prendre qu’ailleurs."

Comment voyez-vous cette "année IA", puisque nous sommes en préparation des RDV Transformations du droit 2024 en fin d’année ? Cette année va être semble-t-il une année "agitée" en termes d’offres des acteurs de la Tech ?

Cyril Godet : "Cette année sera celle où on aura les premiers retours de tous ceux qui utilisent ChatGPT par exemple, on aura les premiers feedback, ça fera quasiment un an que les gens auront commencé à l’utiliser.
On commencera à parler de la différence entre IA propriétaire et IA ouverte aussi.
Chez Dilitrust, notre prise de position est très claire : comme je l’ai indiqué nous nous sommes sur une IA propriétaire, mais on n’est pas fermés sur le sujet.
On va avoir des clients chez qui on va arriver et qui auront déjà un contrat important avec OpenAI par exemple, il faudra l’intégrer. Nous laisserons le choix avec un petit sélecteur d’IA. L’idée, c’est de laisser aux juristes le choix parce que ce sont eux qui prendront leurs responsabilités ensuite. "